Jachères ?
26 juillet 2023Bord de chemin, une solution pour la biodiversité
9 août 2023Il est bon de prendre du recul face aux rapports alarmistes, aux grandes directives ou recommandations au niveau national, et de prendre en compte la spécificité de chaque territoire.
Les scientifiques admettent que le grand arc méditerranéen français va connaître de façon chronique, de sérieuses difficultés hydriques. En revanche, le reste de notre pays jouit encore d’une ressource en eau abondante que nous allons devoir certes mieux gérer, pour faire face à des aléas pluviométriques de plus en plus marqués.
Pour la gestion de l’eau, il n’y a pas une, mais des solutions, que nous devrons adapter aux territoires, en fonction des atouts et contraintes naturelles et des besoins des différents acteurs (agricoles, industriels, particuliers, tourisme…).
Un stockage de l’eau version XXL existe déjà dans la Marne et fonctionne très bien, c’est le lac du Der. Avec ses 350 millions de m3, cette retenue construite pour écrêter les crues de la Marne et de la Seine et soutenir leur étiage joue un rôle fondamental de régulation des masses d’eau. Le lac du Der est donc un atout inestimable pour notre département. Le stockage de l’eau à tout va via une multitude de bassins de rétention n’a pas sa place dans la Marne à mon avis. Quelques projets pourraient avoir un intérêt mais le meilleur stockage reste celui de la nappe phréatique.
Nous avons un immense atout en Champagne crayeuse avec sa nappe de craie (qui est traversée par de petits cours d’eau qui sont des affleurements de cette nappe). En effet, le sous-sol crayeux, de par sa capacité d’emmagasinement, offre un pouvoir tampon extraordinaire pour absorber les pluies excédentaires tout en pouvant les restituer par ascension capillaire. Celle-ci profite essentiellement aux plantes à enracinement profond comme la betterave et la luzerne.
Ce phénomène est unique en France. C’est bien l’assolement de la ferme Marne et les pratiques culturales qui l’accompagnent qui seront les éléments déterminant pour la recharge de nos nappes. Ce qui est certain, c’est que l’irrigation aura plus que jamais sa raison d’être pour le maintien de nombreuses filières sur nos territoires et en particulier les légumes. La sacrifier, la réduire serait insensé et mettrait en danger notre souveraineté alimentaire et celle de l’Europe.
Pourtant, en choisissant d’importer toujours plus de denrées alimentaires, la France fait le choix d’importer de l’eau en provenance de pays où elle est parfois beaucoup plus rare. Ce choix est égoïste et irresponsable.
Bertrand Gomard, Président d’AGREAU 51