Non, les agriculteurs ne sont pas une variable d’ajustement

Lundi 4 septembre, à la foire de Châlons, la FDSEA a invité Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, à venir échanger avec la profession sur notre stand. Chambre d’agriculture, Coopération, JA, FDSEA, FNSEA : nous l’attendions de pied ferme sur les sujets liés à l’alimentation, l’inflation et la précarité alimentaire.

Nous lui avons passé un message fort et ferme. Pour nous, il était inconcevable de ne pas être rencontrés au même titre que les industriels et la grande distribution qui mettent la pression sur le gouvernement pour faire baisser le prix des produits alimentaires. Nous refusons catégoriquement que cette baisse se répercute sur les prix payés aux agriculteurs : ils ont besoin de revenus pour accompagner les transitions agricoles. J’espère que nous serons entendus. Il faut absolument éviter une guerre des prix et réfléchir, avec les ministères, à la façon dont le monde agricole peut apporter sa contribution et aider les consommateurs qui n’ont pas les moyens de s’acheter une alimentation de qualité ; n’opposons pas revenus des agriculteurs et pouvoir d’achat des Français.

Les agriculteurs ne doivent pas être la variable d’ajustement et en payer le prix fort. Les agriculteurs ne doivent pas, non plus, être la variable d’ajustement des politiques françaises et européennes en matière de production agricole. Nous le martelons : l’instauration d’une jachère obligatoire (3 à 4% de la SAU) en France est une aberration ! La FNSEA milite depuis des mois pour reconduire la dérogation « jachère Ukraine » en 2024. Et même si le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, a annoncé le 31 août que « la Commission européenne n’envisage pas d’étendre les dérogations sur les jachères pour la prochaine campagne parce que la situation de marché a changé », nous nous battrons jusqu’au bout pour faire entendre raison à nos politiques, afin que le bon sens l’emporte. On ne peut pas d’un côté parler de précarité alimentaire et décarbonation de l’économie, et d’un autre côté, demander aux agriculteurs de produire moins et relancer une guerre des prix destructrice de valeur !

Après Christophe Béchu, ministre de la transition écologique vendredi dernier, c’est Marc Fesneau, ministre de l’agriculture, que nous interpellerons une nouvelle fois sur ce sujet samedi 9 septembre à Châlons.

Hervé Lapie, président de la FDSEA de la Marne et secrétaire général de la FNSEA