Approvisionnement en GNR : il y a urgence !
14 octobre 2022Prévention = dépistage
21 octobre 2022Face à l’approvisionnement très compliqué, voire impossible, en gasoil, FDSEA et JA ont organisé une action devant la Préfecture.
« Cuve à sec cherche GNR pour travailler et nourrir la France ». C’est avec ce slogan que la FDSEA et JA sont allés rencontrer le préfet de la Marne, Henri Prévost, ce mardi 11 octobre matin. Les agriculteurs étaient invités à venir avec leur vélo et leurs jerricanes vides.
Une situation très tendue
De nombreux agriculteurs et entrepreneurs contactent la FDSEA depuis plusieurs jours, pour lui faire part de leurs problématiques d’accès, tant sur les volumes que sur les délais de livraison. En ce mois d’octobre, très intense en travaux de récolte (betteraves, pommes de terre) et de semis (céréales d’hiver), cette situation, si elle continue, aura de graves impacts : dans les champs, dans les industries agro-alimentaires, et peut-être dans les assiettes demain. Les autres filières sont également impactées. L’élevage, par exemple, utilise du GNR tous les jours pour nourrir, pailler, nettoyer.
L’agriculture n’est pas la seule concernée par ces problèmes d’accès : industries, BTP… subissent également cette situation. C’est la souveraineté alimentaire et l’activité économique française qui sont menacées !
Comment expliquer la situation ?
Le bouclier tarifaire porté par l’État et le complément apporté par Total Énergies ont créé un appel d’air important : les réservoirs des particuliers sont plus remplis qu’en période habituelle. La plupart des utilisateurs de GNR ont également fait le plein eu égard à la situation de marché. À cela s’ajoutent les grèves et conflits sociaux touchant Total et Esso : des raffineries sont à l’arrêt et les stocks sont bloqués pour celles qui produisent encore. Les stations-service fermées et les annonces des médias attisent un contexte problématique.
Malgré tout, il est très difficile d’avoir une totale transparence sur la disponibilité des stocks et les flux de carburants entre les raffineries, les dépôts, les fournisseurs… Les fournisseurs locaux de carburants cherchent à approvisionner leurs clients par tous les moyens, mais la situation est très tendue pour eux aussi. Ils disent ne jamais avoir vu ça et ne comprennent pas l’inertie du gouvernement.
FDSEA et JA font jouer l’entraide
Certains agriculteurs, qui ont pu être livrés avant les grèves, sont prêts à dépanner des collègues de leur secteur. Des petits volumes certes, mais qui peuvent donner un coup de pouce bienvenu. FDSEA et JA ont donc créé une « banque de dépannage » ou leurs adhérents « demandeurs » et « offreurs » s’inscrivent, pour faciliter l’entraide. Les animateurs de la FDSEA les mettent ensuite en relation, ou font appel au réseau proche d’agriculteurs pour dépanner les cas les plus urgents. Mais les syndicats ont rappelé au Préfet que cette entraide ne pourra tenir qu’un temps, car les cuves se vident chez tout le monde !
Quelles actions jusqu’à présent ?
Côté FNSEA, Hervé Lapie secrétaire général adjoint et Jérôme Despey, secrétaire général, ont rencontré Total Énergies au Sommet de l’élevage la semaine dernière. Leurs échanges confirment cette analyse de la situation. Christiane Lambert a appelé les cabinets du ministre de l’Agriculture et de l’Intérieur afin de faire un point sur le sujet. La FNSEA a également demandé que le gouvernement enjoigne les pétroliers de régler leurs conflits sociaux, et que les Préfets libèrent les stocks stratégiques. L’État doit agir, il y a urgence !
Côté FDSEA, depuis plusieurs semaines, le syndicat alerte le Préfet et les Renseignements territoriaux sur la situation, qui empire de jour en jour. Malgré cela, aucune amélioration n’est ressentie sur le terrain. Les parlementaires ont également été alertés, et le sénateur Yves Détraigne vient d’interpeller le ministre de l’agriculture au moyen d’une question écrite qui sera publiée cette semaine sur le site internet du sénat.
Des médias nombreux et des agriculteurs communicants
Les médias locaux et nationaux ont répondu présents : Tf1/Lci (JT de 13h du 11 octobre), RTL, France 3 (19/20 Champagne Ardenne du 11 octobre), Champagne FM, France Bleu, l’Union, l’hebdo du vendredi, et les web médias Le collectif Châlonnais et Bien vivre en Champagne-Ardenne. Un grand merci à tous les agriculteurs qui ont accepté de témoigner et à ceux qui ont assuré les reportages et interviews en dehors de la mobilisation de mardi, comme Sébastien Delanery (Tf1 et RTL), Sébastien Francart (France 3) et Geoffrey Leblanc (Champagne FM).
Un grand merci également à tous les agriculteurs présents devant la Préfecture, même si la période est très intense en travaux. Les vélos et les jerricanes vides étaient des symboles visuels, qui ont bien été compris par les médias. Et merci à Cyrille Fromentin pour le plateau de 12 m prêté pour la matinée ; une mission quasi impossible en cette période de semis et de chantiers chanvre.
Rencontre avec le préfet
La situation devenant intenable, les deux syndicats ont décidé d’appeler à la mobilisation ce mardi 11 octobre. Objectif : rencontrer le Préfet, pour lui demander un accès prioritaire et rapide au GNR pour les activités économiques stratégiques, comme l’agriculture. La délégation, composée d’Hervé Lapie, Laurent Champenois, Bastien Lombard et Thierry Fournaise, a été reçue par M. Prévost dans la matinée.
Pour le président de la FDSEA, « L’agriculture est complètement passée à côté des radars du gouvernement. C’est la souveraineté alimentaire et la chaîne de production tout entière qui sont impactées ! ». Laurent Champenois ajoute, qu’en plus du problème d’accès se pose celui du prix. « Une augmentation de 20 à 25ct en une semaine, que l’on découvre au moment de la livraison : c’est la mauvaise surprise qui s’ajoute à la pénurie ! ». Les élus sont unanimes : ils ne comprennent pas la déconnexion entre les prises de parole des ministres, qui assurent que « tout va bien » et que les problèmes sont très localisés, et la réalité sur le terrain.
Les engagements du préfet
M. Prévost a exprimé son soutien à la profession agricole. Il assure « tout mettre en œuvre, avec ses équipes, pour augmenter la disponibilité du GNR au dépôt pétrolier de Vatry ». Il « s’engage à trouver des solutions » pour qu’à court terme, les agriculteurs puissent être livrés à hauteur de 50 % de leurs commandes passées, au lieu des 30 % aujourd’hui constatés (en moyenne, certains n’ayant pas du tout été livrés).
C’est la demande formulée par la FDSEA et JA pour faciliter les travaux d’automne, sachant que pour l’instant, il est impossible d’obtenir plus. Les estimations faites par la profession agricole et les distributeurs de carburants font part d’un besoin de 5000 m3 de GNR par semaine pour les agriculteurs marnais et ardennais, pour les prochaines semaines.
Suite à cette rencontre, la FDSEA et JA restent pleinement mobilisés sur le sujet : un contact permanent est maintenu avec la Préfecture et les distributeurs de carburant, pour suivre de près l’évolution de la situation.
Témoignages d’agriculteurs
« Ma cuve est à sec. Si un voisin ne m’avait pas dépanné hier, je n’aurais pas pu nourrir mes jeunes bovins ce matin ».
« Stock épuisé ce jour je suis éleveur je m’inquiète pour nourrir mes animaux dans les prochains jours ».
« Je suis un agriculteur mal dans ma peau. Nous sommes dans un contexte économique difficile et pour ne pas arranger les choses dans deux jours je ne peux plus faire tourner mes machines faute de GNR ».
Catherine Pierlot, FDSEA de la Marne