
Notre souveraineté alimentaire n’est pas négociable !
3 décembre 2025La progression de la dermatose nodulaire contagieuse marque toute la profession. Le cas du Doubs, apparu fin novembre, fait couler beaucoup d’encre. Comment la maladie a-t-elle pu survenir dans un troupeau vacciné ? Pourquoi tout le troupeau a-t-il été abattu ? Quelle stratégie efficace pour éradiquer la maladie ? Nous exprimons ici tout notre soutien à tous les éleveurs et leur famille depuis l’apparition de la maladie sur le sol français. Ils traversent une épreuve d’une grande violence. Dans ces moments d’incertitude et d’émotion, il est de notre devoir de rester responsables et ancrés dans les faits.
Leçons du Doubs : l’urgence de la vérité
Le cas de l’exploitation de Pouilley-Français nous pose des questions légitimes. Les scientifiques sont formels : le foyer existait déjà avant le début de la campagne de vaccination. Quant à la manière dont la maladie a pu se propager, nous rejoignons l’appel de la FDSEA du Doubs pour que les enquêtes épidémiologiques et de gendarmerie fassent toute la lumière sur la progression de la dermatose. Y a-t-il eu des mouvements d’animaux illicites ? Notre rôle, en tant qu’organisations syndicales, n’est pas de nous substituer aux experts, mais de les interroger, de s’appuyer sur leur expertise pour trouver des solutions. Restons humbles et évitons à tout prix le simpliste “Y a qu’à faut qu’on”. Beaucoup de questions se posent aujourd’hui, et nous attendons des réponses des experts : faut-il s’engager dans une vaccination totale et perdre notre statut de pays indemne, entraînant une chute des prix de vente pour la filière bovine ? Faut-il plutôt établir des cordons sanitaires ? Quelle est la meilleure stratégie pour stopper rapidement la maladie tout en préservant le revenu des éleveurs ?
Une décision sanitaire douloureuse
C’est sur la base de cette expertise scientifique que l’État a pris la décision aussi douloureuse soit-elle, de l’abattage total du troupeau. Bien que la FDSEA du Doubs ait initialement plaidé pour un statut de « cas test » ne sacrifiant que l’animal malade, la réponse des épidémiologistes a été claire : il n’était pas possible de « mettre cette ferme sous cloche » car cela aurait laissé un « potentiel réservoir de virus » sur place. En outre, il s’est avéré qu’il n’y avait pas un seul mais plusieurs animaux malades. Cette mesure, aussi extrême qu’elle paraisse, est une stratégie de précaution maximale pour endiguer le risque. La DNC est une maladie capable de provoquer de la mortalité, de la morbidité et une baisse de production. Maladie classée en catégorie A par le droit européen, elle est donc gérée par l’État, avec un objectif d’éradication immédiate.
Appel à la discipline collective
Face à la détresse, nous condamnons fermement l’instrumentalisation de la détresse d’une exploitation et l’avalanche de fake news. La contestation n’autorise pas la manipulation, ni la mise en danger de tout un territoire. La sécurité sanitaire repose sur la transparence, la science et le respect collectif des règles. Retarder un signalement ou enfreindre les interdictions de mouvement n’est pas une contestation constructive ; c’est prendre le risque d’étendre le virus à des dizaines d’exploitations. L’heure est à la responsabilité de chacun. Notre solidarité est forte, mais elle doit s’exercer dans la discipline et le respect de la science pour protéger l’avenir de notre élevage.
Hervé Lapie, Président FDSEA51 et Secrétaire Général FNSEA ; Julien Boucquemont, Président JA 51


